Eloisa MASINI

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Spécialité : Sciences politiques

Laboratoire : IDPS

Directeurs de thèse : Antoine Pecoud et Pascale Molinier

 

Titre de la thèse : Décoloniser le trauma : analyse critique des processus de psychiatrisation et des pratiques de care dans les expériences migratoires en Italie 

Cette recherche doctorale propose une analyse critique du dispositif psychiatrique appliqué aux expériences traumatiques des personnes migrantes en Italie. Les catégories diagnostiques comme le PTSD transforment des récits marqués par la violence structurelle, politique et coloniale en pathologies individuelles. Ce processus illustre ce que Michel Foucault décrivait comme un dispositif de pouvoir : un ensemble de savoirs, de normes et de pratiques qui normalise les subjectivités tout en effaçant les causes sociales et politiques de la souffrance. Frantz Fanon avait déjà montré comment la psychiatrie coloniale produisait une violence épistémique en imposant des définitions occidentales de la douleur et de la guérison ; cette recherche interroge la continuité de ces mécanismes dans les parcours migratoires actuels.
En contrepoint, le projet examine les résistances et alternatives qui émergent dans les centres de soin et à travers les réseaux communautaires, où se développent des pratiques de care capables de redéfinir la relation thérapeutique comme un espace de co-construction et de reconnaissance mutuelle. Par une comparaison de trois terrains (Turin, Rome, Palerme), cette étude explore les liens entre savoir, pouvoir et soin, pour dévoiler à la fois les violences coloniales reproduites et les possibilités de transformation.

Thesis title : Decolonizing trauma: a critical analysis of psychiatrization processes and care practices in migrant experiences in Italy 

This doctoral research offers a critical analysis of the psychiatric dispositif applied to migrants’ traumatic experiences in Italy. Diagnostic categories such as PTSD often translate narratives shaped by structural, political, and colonial violence into individualized pathologies. This process reflects what Michel Foucault described as a dispositif of power: a network of knowledge, norms, and practices that normalizes subjectivities while erasing the political and social origins of suffering. Frantz Fanon had already demonstrated how colonial psychiatry produced epistemic violence by imposing Western definitions of pain and healing; this project investigates how such mechanisms persist in contemporary migratory contexts.
At the same time, the study explores forms of resistance and alternative practices of care that arise within institutions and through community networks. These practices seek to redefine therapeutic relations as spaces of co-construction and mutual recognition, challenging hierarchical models of expertise. Through comparative ethnographic fieldwork in three Italian sites (Turin, Rome, Palermo), the research interrogates the entanglements of knowledge, power, and care, highlighting both the ways in which psychiatric dispositifs reproduce colonial violence and the possibilities for their transformation. 

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